lundi 20 août 2012

L'appel du Bal zèbre à Nabinaud

        Publié le 20/08/2012 à 06h00 | Mise à jour : 20/08/2012 à 10h04
Par Mauricette Boutin


L'appel du Bal zèbre à Nabinaud

Malgré la chaleur, le public s'est emparé de la piste de danse vendredi soir

Les six comparses du Bal zèbre emballent le public et font danser. Avec Zed Van Traumat et Alice Bécard au chant, les chansons du siècle dernier ont de la profondeur.

Les six comparses du Bal zèbre emballent le public et font danser. Avec Zed Van Traumat et Alice Bécard au chant, les chansons du siècle dernier ont de la profondeur. (photo m. b.)

«Ecoutez ça, si c'est chouette… C'est la plus bath des javas… » Les années folles. Georgius et sa java de 1925… Ça commence par un couple de drôles de zèbres qui grattent le parquet et ouvrent le bal. Elle en chemisier mal rayé, lui avec une tête de zèbre et deux grandes oreilles. Elle, c'est Alice Bécard. Et sous le masque, c'est Zed Van Traumat. Les voilà maintenant, comme des cabris, sur la scène. Ils donnent de la voix : « Nini peau de chien », « Padam », « Jolie môme »… Impossible de résister.
À Nabinaud (canton d'Aubeterre), vendredi soir, 25 °C sous les étoiles, la nuit est accueillante au bord du moulin de Poltrot. Les fourchettes des convives qui fêtent Équidronne, un rassemblement de cavaliers et de vététistes, retombent sur le bord de l'assiette : « Allez, viens danser ! » Parce que c'est plus fort que soi, ça chatouille, ça démange…

Moment de volupté 

En talons hauts, en sandales, en baskets, en tongs, pieds nus et même avec un gros orteil cassé comme Nicole, ils ne peuvent résister. Il faut que ça bouge, que ça swingue, que ça chaloupe, que ça frotte pendant le slow. Ils transpirent. Les jupons de coton voltigent, les bermudas découvrent les gros mollets. Ce soir c'est Bal zèbre. On se lâche. Ferrat, Aristide Bruant, Piaf, Ferré…
La lumière a mis son abat-jour. La main du monsieur vient se poser, large, sur la croupe de la cavalière. Et c'est parti pour un moment de volupté. « Une robe de cuir… » Les corps tressaillent. Alice en joue. Elle fait son effet. La voix se fait profonde. Il est 23 heures : « Mais ça ne fait que commencer, prévient Zed. On est là pour au moins trois heures. »
L'accordéon de Sébastien Rousselot reprend son souffle et lance des soupirs langoureux. Les mains s'étreignent, moites. Jean-Noël Godard donne la cadence. Charles Kély avec ses guitares et Julien Long à la basse cisèlent la musique du bal chic. Et c'est ce qui plaît à Alice et à Zed : « On veut que les gens aient envie de danser en écoutant de belles chansons. »

Depuis 2011 seulement 

Les deux fous de musique, forts de leur expérience d'écriture, s'approprient sans ambages les textes des grands. Ils les font leurs. On sent bien qu'en même temps il faut veiller à l'intendance, accepter de s'interrompre pour rattraper deux chevaux fugueurs. Mais Zed et Alice ont tôt fait de retomber sur leurs pattes zébrées. L'alchimie opère. Alors, sur un banc, on regarde. Mais on ne fait jamais tapisserie au Bal zèbre. Parce qu'on écoute. Parce que c'est un régal de voir l'orchestre faire vibrer les noctambules.
Le Bal zèbre est né à Montbron « le 31 décembre 2011 », parce que là-haut, dans le Nord-Charente, ils voulaient faire un dancing. « Et puis, c'était tellement chouette qu'on a eu envie que l'histoire perdure. » La bande de musiciens chanteurs emballe et fait revivre les salles un peu à l'abandon. Elle trie les textes. Et avec leurs « Bijoux de chansons de 1900 à 1980 », ils font bouger grand papa et son petit-fils. « On veut donner l'envie aux plus jeunes. » Et ça marche.